La question m’a été posée hier soir, au cours d’un diner amical. Bien entendu, c’était d’abord pour me faire plaisir, mon invité connaissant bien mon métier, histoire d’animer la conversation. En y repensant, cette question est souvent posée, et l’on entend tout aussi souvent : ah, mais ça va mal. Comme s’il était possible de répondre de façon aussi lapidaire. Comme si la question elle-même, malgré sa simplicité apparente, était une véritable question. Les pessimistes et les détracteurs d’une « certaine école » qu’ils vilipendent ont leur réponse avant la question. Les optimistes – ils sont rarement béats – expriment en général une opinion plus nuancée, mais qui relève tout autant de leur croyance. Or les croyances sont précisément les idées qui résistent le plus à toute analyse, voire à des faits établis. Retroussons plutôt nos manches pour que notre école soit toujours plus à même de faire la part entre les opinions et les faits, entre les croyances et les connaissances. Pour reprendre une formule entendue récemment lors d’une conférence : faisons que toujours davantage notre système éducatif favorise la « dialectique » (au sens de l’interrogation, du questionnement, de l’échange des arguments, sans fin…) plutôt que la « rhétorique » (au sens la recherche exclusive de la conviction et de l’influence à tout prix). Yves Zarka