Flash info sur un poste de radio de bonne notoriété : on a organisé dans une ville la passation du certificat d’études primaires, le fameux « Certif' », pour des personnes volontaires qui s’étaient inscrites. Commentaire (à peu près reconstitué de mémoire) d’un participant : « ah, ça c’était quelque chose, le Certif » ; voyez tout ce que les enfants d’aujourd’hui ne savent plus !
Si l’antienne n’était répétée depuis l’Antiquité, on s’y laisserait prendre. Pourtant, le discours de mythification du passé marche toujours. Quel parent ou grand-parent ne rêve de retourner vers ce passé supposé glorieux ? L’école offre à cet égard un terrain de prédilection. Et lorsqu’il se penche sur les manuels scolaires et sur les devoirs donnés à faire par le ou les professeurs, le parent se sent dérouté s’il ne retrouve pas ce qu’il a lui-même – ou croit avoir – appris à la même époque. Et l’indignation n’est pas loin si l’enfant a le malheur de donner une réponse insatisfaisante sur un point de détail, jugé essentiel par celui qui, peut-être, n’avait retenu que lui.
Est-ce à dire que tout serait merveilleux dans le meilleur des mondes éducatifs ? Les résultats d’enquêtes et évaluations de diverses sources nous alertent assez sur les insuffisances de notre école. Et nous devons tous redoubler d’efforts pour lui faire réaliser des progrès sensibles. Ce n’est pas ici mon sujet.
L’école se doit de transmettre à la génération qui monte un patrimoine culturel indispensable. Elle est en ce sens un conservatoire. Il lui arrive aussi de jouer le rôle d’un laboratoire, et c’est là que les choses se gâtent. Car le droit à l’erreur lui est alors refusé : qu’il s’agisse de l’introduction par l’institution de nouveautés dans les contenus ou les méthodes – et immédiatement on l’accuse de démantèlement ; qu’il s’agisse d’expériences isolées de « pédagogies nouvelles » , et l’on se gausse au mieux de ces utopies scolaires – elles aussi nécessaires pourtant – qui peinent à se frayer leur chemin, et pour autant que toute innovation n’est ni généralisable ni forcément positive.
Voilà sans doute quelques raisons de penser que le débat serein sur l’école et ses évolutions est difficile. Comme dans beaucoup d’autres domaines, il est plus facile de communiquer de façon binaire que d’entreprendre un examen nuancé, qui bien sûr dans les médias va ennuyer tout le monde. Ce qui est plus gênant, c’est lorsque des politiques et des intellectuels de renom suivent cette voie simplificatrice.
Petit billet d’humeur sans prétention, pour inviter à la discussion.