Les enjeux actuels de la formation scolaire des jeunes semblent assez clairement envisagés et l’on s’accorde au sein de la communauté internationale, comme le résume parfaitement cette citation (Kools and Stoll, 2016) : “A generation ago, schools would be expected to equip students with the skills needed for the rest of their lives. In today’s world they need to prepare students for life and work in a rapidly changing environment, for jobs and for using technologies some of which have not yet been created. Cognitive abilities such as literacy and problem solving are still crucial but teachers also have to support students in developing the strong social and emotional foundation skills needed to thrive in a highly dynamic labour market and rapidly changing world. Education today is much more about ways of thinking that involve creative and critical approaches to problem solving and decision making, and where students influence what they learn. Their interests, motivation and overall well-being are taken in consideration for shaping their learning (Dumont, Istance and Benavides, 2010). Traditional models of schooling whose organizational patterns deeply structure schools – the single teacher, the classroom segmented from other classrooms each with their own teacher, and traditional approaches to teaching and classroom organization, etc. – are inadequate for delivering these 21st century learning agendas, especially for the most disadvantaged students in society (OECD, 2013a; Schleicher, 2012, 2015).” Pourtant, derrière ce consensus de surface, s’affrontent en permanence, surtout dans notre pays et, dit ici pour schématiser : les classiques et les caciques d’une part ; les modernes et les visionnaires d’autre part. Pour les uns, le savoir académique est la valeur suprême, condition absolue de la qualité de l’enseignement, au prix assumé, parfois honteusement, de la sélection scolaire la plus féroce. Pour les autres, l’épanouissement et l’émancipation de la personne sont au premier plan, au risque d’être taxés, critique rédhibitoire pour ses 5 Impulsée par le prix Nobel de physique Georges Charpak, elle a inspiré le Plan de rénovation des sciences et de la technologie à l’école en 2000, sans être parvenus l’un ou l’autre à se généraliser 6 Partenaire français de Design for Change (créé par la pédagogue indienne Kiran Bir Sethi), l’association SynLab développe depuis 2013 un mouvement défini comme celui d’enfants acteurs de leurs apprentissages, de leur vie et de la société 6 détracteurs, de pédagogisme. Comme si la conciliation de ces exigences s’avérerait impossible ? Ces affrontements expliquent sans doute le fait que l’on recherche avant tout la « recette » idéale de la formation des maitres, pourtant déjà maintes fois aménagée et certainement encore améliorable, en restant sur le seul terrain technique, apparemment neutre. En évitant soigneusement la question la plus essentielle : former oui, mais pour quelle école, vers quel modèle éducatif ?